L’étudiant qui ne trouvait pas sa place

L’étudiant qui ne trouvait pas sa place
Image originelle par Alin Constantinescu de Pixabay Modification par Le Vert à Moitié Plein

Il était une fois, un jeune homme nommé Léo.

Léo venait de réussir ses examens et attendait avec impatience d’être envoyé dans l’école de ses rêves. Mais le Vil Parcoursup, qui était en charge de répartir les élèves dans les écoles, le laissa sans solution...

Dépité, l’infortuné Léo se vit obligé de prendre un emploi. Cependant, il ne s’inquiétait pas trop car un adage récent prétendait qu’il suffisait de traverser la rue.

C’est alors qu’il fit la connaissance de l’un des chefs de son pays : Mépris.

Mépris lui dit qu’il n’avait de recommandation de personne et n’avait pas d’expérience. Il ajouta également que les jeunes étaient des paresseux. Mais Léo insista et Mépris finit après quelques semaines par lui écrire une petite lettre, à donner à un tenancier de bistro de sa connaissance. Léo, tout heureux de voir qu’on lui donnait sa chance, s’en fût rencontrer l’homme. Celui ci, tenait un célèbre bistro du Nouveau Monde : Mac Do. Il engagea Léo.

Enchanté de pouvoir mettre quelques deniers de côté, il entreprit d’apprendre très sérieusement ses nouvelles tâches. En quelques jours il fit le tour du bistro.

Et il sentit que là n’était pas sa place.

Ses responsables lui faisaient des plaisanteries qui étaient peu à son goût, l’odeur du graillon le répugnait, il devait jeter de la nourriture, et il était obligé de manger tous les jours les plats peu ragoûtants du bistro car elle était de toute façon décomptée de sa paie.

Le voyant de plus en plus triste, ses parents firent tout ce qui était à leur portée pour qu’il puisse reprendre ses études.

Ils lui trouvèrent une place dans une faculté et payèrent les frais d’admission.

Enchanté d’apprendre et de faire des nouvelles rencontres, Léo s’assit à nouveau sur les bancs de l’école. C’est alors qu’il fit la connaissance d’une autre des chefs de son pays : Indifférence.

Indifférence, l’accueillit sans lui parler dans sa demeure, et le laissa découvrir les résultats de sa gouvernance. En quelques jours il fit le tour de l’Académie.

Et il sentit que là n’était pas sa place.

Ses professeurs n’étaient pas plus concernés par son cas que par celui des 300 étudiants de l’amphithéâtre, ses nombreux condisciples – de part leur absentéisme ou leur intense concentration – ne lui inspiraient pas de sentiment amical, les cours qu’ils voulaient étaient déjà tous pris et l’infâme Administration était toujours fermée.

Le voyant de plus en plus triste, son ancien professeur, lui conseilla de chercher ce qu’il voulait faire et de ne pas laisser la Fatalité ou ses parents décider pour lui.

Il se posa beaucoup de questions et finit par trouver plusieurs métiers qui lui plaisaient. Il demanda alors à faire des séjours d’observation. Alors, une autre chef de son pays l’accueillit avec beaucoup de cordialité : Exploitation.

Exploitation aimait lui passer le bras autour des épaules et lui frotter les cheveux en lui promettant de le former. Elle le laissa ensuite pour aller se reposer.En quelques semaines il fit le tour des noviciats.

Et il sentit que là n’était pas sa place.

Ses maîtres lui faisaient dupliquer des liasses de papier ou l’envoyaient chercher un breuvage (qui avait des effets miraculeux ou désastreux sur leur humeur), ou le faisaient travailler sans le payer. Mais un de ses noviciats fût différent, et tout ce que lui montrait sa gentille employeuse l’intéressait.

Le voyant de plus en plus joyeux, elle lui fit une lettre de recommandation pour une école en alternance où il se vit accepté.

Hélas pour Léo, son lieu de travail était près de chez ses parents mais ce n’était pas le cas de l’école. Il emménagea alors dans une Cité du nom de Crous où il rencontra une autre chef du gouvernement : Solitude.

Solitude lui fit visiter son petit logement en lui assurant qu’il serait très bien ici. Léo lui demanda quelles démarches il devait faire et Solitude l’ignora. Lorsqu’il insista elle hurla qu’il était grand maintenant, que ce n’était pas si compliqué et que chacun devait se débrouiller. Elle partit sans un au revoir. En quelques jours il fit le tour de sa mansarde.

Et il sentit que là n’était pas sa place.

Les Sites qui devaient l’informer plantaient, il lui manquait toujours un document, il se sentait abandonné, et ne savait pas comment avoir une aide qui lui permettrait d’arrêter de puiser dans ses économies.

Le voyant de plus en plus débordé, son oncle lui offrit un coffret de survie administratif et lui donna quelques petits conseils d’indépendance en le rassurant.Mais quand il s’aperçut que c’était le manque de verdure et l’isolement qui pesaient le plus à son neveu, il conseilla à Léo de chercher un autre type de logement. Il rencontra alors une fille formidable qui se faisait appeler Alternative.

Alternative l’aida à chercher avec beaucoup d’enthousiasme ce qui pourrait lui convenir. En quelques mois il fit le tour de différents lieux.

Et il sentit que là n’était pas sa place.

Les appartements privés étaient trop chers, les colocations étaient soit trop bruyantes soit trop ennuyeuses, les boîtes en fer* ne lui plaisaient pas, et la colocation intergénérationnelle avec des particuliers ou en maison de retraite était sympathique mais la vieille dame chez qui il logeait avait besoin de quelqu’un qui était là toutes les semaines. Donc ce n’était pas pour un étudiant en alternance.

Un jour, Alternative lui montra là où elle vivait : un logement à la ferme ! Il y rencontra alors un couple de fermiers très accueillant qui se faisait appeler Solidarité et Naturel.

En quelques minutes, il fit le tour de son nouveau lieu de vie.

Et il sentit que là était sa place.

Il avait enfin de l’espace pour respirer et mangeait à sa faim de la bonne nourriture. Il partageait ses trajets avec Alternative et les deux autres étudiants logés avec lui pour aller s’instruire. De plus, il faisait ce qui lui plaisait à l’école et dans l’entreprise où il était.

Contrairement à bien d’autres, Léo n’eût pas de problèmes par rapport à l’épidémie qui s’abattit sur son monde l’année d’après. En effet, il eût la chance de profiter d’une aide pour les apprentis. Il eût beaucoup de compassion pour ses condisciples qui étaient aux prises avec la précarité, l’isolement ou ne pouvaient être embauchés faute d’expérience, ou encore se refusaient d’entrer au service d’entreprises peu engagées dans l’humain ou l’environnement.

Les voyant de plus en plus tristes, le gentil Léo leur offrit ses conseils, ses compétences et son soutien à travers des manifestations et pétitions pour une aide financière et psychologique, ainsi qu’avec du bénévolat pour les aider à se nourrir correctement. Il chercha alors à changer les choses en grand, et décida de se faire appeler Inclusivité.

Car il voulait que tous et toutes aient la même chance de trouver leur place dans de bonne conditions et sentent qu’ils comptaient.

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Note des auteurs : ce conte s’inscrit dans une série d’articles sur le changement de vie. Il n’a pas vocation à représenter tou.te.s les étudiant.es mais à montrer comme toujours des alternatives qui existent et à résumer des problèmes. Courage à tou.te.s les étudiant.e.s en ces temps difficiles.

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